Quatre éléments

Dans le cadre de la philosophie naturelle, la théorie des quatre éléments est une façon respectant les traditions de décrire et d'analyser le monde qui n'est plus utilisée aujourd'hui que dans le domaine de l'ésotérisme.



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  • Il est question ici de quatre éléments : la terre, l'eau, l'air et le feu, ... des quatre éléments est fréquemment reliée au symbolisme des quatre saisons, ... D'une façon générale, les personnes influencées par l'élément Terre sont intéressées... Renouer avec la Terre, c'est aussi redécouvrir en nous l'élément Terre... (source : nouvelleacropole)

Dans le cadre de la philosophie naturelle, la théorie des quatre éléments est une façon respectant les traditions de décrire et d'analyser le monde qui n'est plus utilisée aujourd'hui que dans le domaine de l'ésotérisme.

Histoire

Au départ il s'agissait d'une hypothèse de certains philosophes grecs et surtout d'Empédocle d'Agrigente au IVe siècle av. J. -C. , selon laquelle l'ensemble des matériaux constituant le monde seraient composés de quatre éléments :

Chaque substance présente dans l'univers serait constituée d'un ou plusieurs de ces éléments, en plus ou moins grande quantité. Ce qui expliquerait le caractère plus ou moins volatil, chaud, humide, ou autre, de chaque matière. La théorie repose sur des arguments philosophiques et purement spéculatifs qui ne sont basés sur aucune preuve expérimentale, car il ne faut pas oublier que les grecs ne faisaient pas de différence entre science et philosophie. Ces éléments sont mus par les forces opposées de l'amour et de la haine. Dans l'amour absolu, ils forment une unité homogène, tandis que la haine les sépare. Quand ces deux forces antagonistes entrent en conflit, le mélange des éléments fait surgir les choses matérielles.

Au départ cette théorie était loin de faire l'unanimité et des penseurs, dont le plus connu était Démocrite, avaient refusé ce modèle continu de la matière, suite à Leucippe de Millet et plus tard Épicure en fera de même : les tenant de cette école de pensée étaient partisans de l'hypothèse atomiste. Pour Démocrite, l'univers n'était pas composé de quatre principes, mais d'«atomes» (en grec «a-tomos», qui ne peut être coupé), c'est-à-dire de particules microscopiques insécables et éternelles, qui composeraient la matière comme des briques forment un mur et qui auraient la forme générale de l'objet (rond, pointu, concave... ). L'univers «atomique» était par conséquent pour eux à l'image du monde macroscopique dont il n'était que la réduction, on est par conséquent assez loin de la vision moderne de l'atome.

De ces deux théories rivales, c'est finalement celle des quatre éléments qui l'emporta parce que Platon, puis Aristote reconnu comme le plus grand penseur de l'époque s'y rangèrent et la complétèrent.

C'est par à l'époque des croisades, au XIIe siècle en Terre Sainte et de la reconquista en Espagne, que le savoir des grecs et la théorie aristotélicienne des éléments a pénétré en Occident par l'intermédiaire des Arabes. Or, ces derniers ont principalement conservé dans leurs rédigés l'enseignement d'Aristote. Celui de Démocrite ne s'est pas transmis, et actuellement toujours, nous ne connaissons les textes de Démocrite que de manière lacunaire, à travers ce que certains auteurs, surtout Aristote, nous en disent. Les scholastiques du Moyen Âge reprendront cette théorie à leur compte et l'incluront dans leur vision chrétienne du monde.

Les Solides de Platon

Platon associa les 5 polyèdres réguliers (les solides) qu'il connaissait aux éléments : le feu au tétraèdre, la terre au cube, l'air à l'octaèdre, l'eau à l'icosaèdre. Le dodécaèdre a un statut plus flou : il serait la structure de l'univers. On le rattache par conséquent fréquemment à l'éther.

Symbolique et qualités élémentaires

L'apport le plus décisif à la théorie des quatre éléments fut celui d'Aristote qui y ajouta la notion de qualités. L'interprétation symbolique des quatre éléments repose sur leur décomposition en quatre qualités élémentaires, suivant deux axes d'analyse que sont le chaud et le froid d'une part (deux qualités actives) et le sec et l'humide d'autre part, (deux qualités passives). (voir ici)

La conjonction d'une qualité active et d'une qualité passive agissant sur une matière première indifférenciée génère l'un ou l'autre des éléments. Dans cette analyse, la terre hérite des qualités froides et sèches (ce sont les qualités de la cendre), le feu est sec et chaud, l'air est chaud et humide (qualités du souffle exhalé) et l'eau est froide et humide. (voir ici)

À côté de ces quatre qualités élémentaires, il existe aussi des qualités secondaires et dérivées, toujours opposées deux à deux, comme le subtil et l'épais (c'est-à-dire la disposition sous forme de fragments de grande ou petite dimension), le lourd et le léger, l'amer et le doux, le fluide et le visqueux...

D'autre part, cette génération des éléments par une interaction de qualités implique une dynamique des éléments. La réalité n'est pas figée : les éléments qui ont une qualité élémentaire en commun peuvent se transformer l'un dans l'autre. Le feu peut par conséquent se transformer par la modification d'une de ses deux qualités soit en air, soit en terre ; la terre en feu ou en eau ; l'eau en terre ou en air ; et ce dernier en eau ou en feu. (voir ici)

Enfin, chaque élément se subdivise en variétés, selon les mesures de la participation et des mélanges. On peut distinguer par exemple trois sortes de feu : la flamme brûlante, la lumière et les résidus incandescents de la flamme (braises).


Applications à la cosmologie

L'univers se compose de quatre éléments, terre, eau, air et feu. Chacun d'entre eux possède un lieu naturel, c'est-à-dire un lieu où il réside naturellement, sachant qu'il peut aussi se trouver quelquefois aussi à un lieu qui ne correspond pas sa place naturelle. Les lieux naturels où on rencontre généralement les éléments sont disposés en sphères concentriques. Au centre de l'univers se trouve la sphère de la terre, puis viennent celles de l'eau, de l'air et enfin du feu. Entre l'air et le feu, on trouve les sphères des sept planètes, soit, de la plus proche à la plus éloignée, la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter, et Saturne (un ordre qui ne correspond que d'assez loin avec la réalité astronomique, telle qu'on la connaît aujourd'hui) ; puis vient la sphère des étoiles fixes. Au-delà de la sphère du feu, se situe le primum mobile, le moteur de l'univers, pour les théologiens du Moyen Âge et les scholastiques qui s'approprieront la pensée d'Aristote, ce sera Dieu.

Répartition des éléments dans leur lieux naturels disposés en sphères concentriques

Quand les éléments ne sont pas dans leur lieu naturel, ils tendent à le rejoindre. C'est ainsi qu'on peut expliquer les phénomènes que les Anciens nomment météorologiques (le sens de ce terme possède une plus grande extension que dans son acception moderne)  : la pluie est de l'eau de la sphère du ciel qui cherche à redescendre vers son lieu naturel ; les comètes sont du feu de la sphère du ciel qui cherche à remonter vers son lieu naturel ; les météorites sont composées de terre qui cherche à redescendre vers son lieu naturel, etc.

Le cinquième élément

Quelquefois, on ajoute à ces quatre éléments un cinquième, au statut ambigu, l'Ether, dans lequel baignerait le cosmos. Dans ce cas, son lieu naturel se situe entre l'air et le feu, ou bien au-delà du feu. Mais le plus fréquemment, cet élément additionnel est rattaché tantôt à l'air, tantôt au feu.

Il existe aussi dans la tradition ésotérique un cinquième élément, quelquefois nommé Akasha, qui veut dire éther ou esprit.

Le tout peut-être représenté par le pentagramme, qui rappelle cette symbolique : l'air, l'eau, le feu et la terre, le tout uni a l'esprit, forment le chemin que les "sorciers" (ou les magiciens) utilisent pour pouvoir utiliser la magie des éléments.

L'éther représente aussi ce cinquième élément. On l'appelle aussi quintessence.

Application en biologie

De même que l'univers est divisé en quatre éléments, les êtres vivants sont classés en quatre règnes : minéral (les pierres sont reconnues comme faisant partie des êtres vivants au Moyen Âge, sinon dans l'Antiquité), végétal, animal et humain. Les animaux sont eux-mêmes répartis en quatre catégories selon leur appartenance à l'un ou l'autre des quatre éléments. Il existera dans la pensée religieuse du Moyen Âge l'idée que plus on monte vers le ciel, plus on se rapproche de Dieu, et que plus on descend, plus on se rapproche du diable et de l'enfer. On trouve au sommet de la pyramide le phénix, un oiseau fabuleux lié au feu, puis les oiseaux ordinaires, simples volatiles voyageant dans les airs, suivis des poissons nageant dans l'eau, pour terminer en bas de l'échelle par les quadrupèdes qui vivent sur l'élément terre. À l'intérieur d'une même catégorie animale, il existe aussi une hiérarchisation des êtres selon l'élément dont ils se rapprochent le plus : les oiseaux incapables de voler et marchant sur le sol comme la poule sont moins bien reconnus que le gibier d'eau comme le canard, proche de l'élément aquatique, lui-même moins noble que les oiseaux de plein ciel comme le passereau ou l'épervier. (Au Moyen Âge la fauconnerie, chasse noble par excellence était réservée à la noblesse). De la même manière, les poissons de fond tel que le turbot sont inférieurs aux poissons de surface et d'eau vive tel que le saumon. Les végétaux sont aussi le plus souvent associés à la terre, mais les épices au feu. Une telle répartition entre les divers éléments existe aussi pour les minéraux.

Application en médecine

Les médecins grecs comme Hippocrate (v. 460-v. 370 av. J. C. ) et Claude Galien (131-201 ap. J. C. ) ont intégré la théorie des éléments, qu'Hippocrate a complétée par la théorie des humeurs, systématisée par Galien. Il s'agissait de la reprise d'une vieille conception grecque qui établissait une correspondance entre le microcosme et le macrocosme, le corps humain étant le reflet en miniature de l'univers. La physiologie humaine est commandée par les éléments dans leur transposition sous une forme organique, qu'on nomme les quatre humeurs. Chaque humeur est dominée par un couple de qualités : la bile jaune (colera en latin) est chaude et sèche comme le feu, la bile noire (colera nigra) est froide et sèche comme la terre, le flegme (flegma ou phlegma) est froid et humide comme l'eau, et le sang (sanguis), contenant légèrement des autres humeurs, est chaud et humide comme l'air.

théorie des humeurs élaborée par Hippocrate selon la théorie des quatre éléments d'Aristote

De même que le chaos règne dans l'univers quand les éléments sont en déséquilibre, le corps humain va tomber malade quand l'une ou l'autre des humeurs se trouve en excès comparé aux autres. La santé et la maladie dépendent par conséquent de l'équilibre des humeurs et de leur quantité. Chez l'homme sain, la prédominance d'une humeur s'appelle complexion et détermine le tempérament. À chaque humeur prédominante correspond un tempérament : bilieux ou colérique pour la bile jaune, sanguin pour le sang, flegmatique pour le phlegme et mélancolique pour la bile noire. Si le déséquilibre s'aggrave, il entraîne des maladies (chaudes, froides, sèches ou humides), qu'on guérit par l'administration d'un remède qui rétablit l'équilibre des humeurs : une maladie froide et humide, par exemple, requiert un remède chaud et sec (traitement par les contraires), ou encore un excès de sang sera traité par la saignée, traitement dont on usera et abusera sans discernement jusqu'aux début de l'époque moderne. Il existera aussi les tenant du traitement par les identiques dont on peut retrouver l'origine peuvent dans la médecine égyptienne et dont l'initiateur à l'époque moderne sera Paracelse dont les théories conduiront ultérieurement à la naissance de l'homéopathie.

Notre civilisation a été profondément marquée par la théorie hippocratique des humeurs. Il en reste de nombreux témoins dans le langage familier : : "Être de bonne, ou de mauvaise humeur". Quand on définit une personne comme "sèche" ou "chaleureuse", quand on se sent "mélancolique", ou qu'on réagit avec "flegme" on fait, sans le savoir, de la médecine hippocratique.

Application en diététique

La maladie résultant du déséquilibre des humeurs peut s'éviter au moyen d'un programme d'équilibre entre complexion individuelle et monde extérieur. Cet équilibre passe avant tout par la diététique, discipline annexe de la médecine élaborée surtout par Celse et Dioscoride au Ier siècle, et par Galien, en application de la théorie des humeurs d'Hippocrate. Pour les grecs de l'Antiquité la digestion est une cuisson des aliments qui aboutit à la formation des humeurs. La composition en quatre éléments et quatre qualités s'applique en effet aux aliments, comme à l'ensemble des autres matières de l'univers. Leur classification et leur répartition en ce qui correspond aux complexions et tempéraments a été réalisée à partir d'une observation de simple bon sens des caractéristiques des aliments : le poivre, la moutarde et les épices généralement brûlent comme le feu (ils sont chauds et secs), la laitue et la pêche et certains fruits et légumes rafraîchissent comme l'eau (ils sont froids et humides). Accessoirement on classe aussi les aliments entre deux autres couples d'opposition le cuit et le cru, le doux et l'amer. Le Moyen Âge a aussi hiérarchisé les aliments de la même manière que les êtres vivants, suivant qu'ils sont proches de la terre, de l'eau ou du ciel. L'exemple des oiseaux et des poissons a été exposé au paragraphe biologie; Il peut être transposé aux plantes, une betterave, plus proche de la terre, comme ce qu'on appelait alors les racines (tubercules, navets, carottes…) sera plus suspecte et moins bien reconnue que la cerise qui est suspendue dans les airs...

Les qualités des aliments s'échelonnent en quatre degrés sur les deux axes principaux, celui du chaud et du froid et celui du sec et de l'humide. Cette complication de la théorie par l'ajout de degrés est l'œuvre de Galien qui a donné son architecture finale à la théorie des humeurs. Le miel, par exemple, est chaud au premier degré et sec au deuxième degré. Ces qualités influent sur la façon dont l'aliment se transforme dans le corps et sur la qualité et la consistance des humeurs qu'elles génèrent dans l'organisme. La chaleur de la digestion les transforment en lymphe qui, elle-même, se transforme en humeurs ou agit sur leur qualité et leur équilibre.

Classification des qualités des aliments en quatre degrés pour chacune d'entre elles selon la théorie des humeurs d'Hippocrate revue par Galien

Pour rester en bonne santé, au fil des saisons il faut avoir une nourriture équilibrée. Pour cela, certains médecins recommandent à leurs patients de consommer des aliments qui correspondent à leur tempérament, mais d'autres médecins conseillent de manger des aliments qui sont contraires au tempérament.

A titre d'exemple, le Tacuinum Sanitatis (texte arabe du 11e siècle rédigé par Ibn Butlan, traduit en latin au 13e siècle), le vin rouge corsé (chaud et sec au 2e degré), comme la viande de lièvre (chaude et sèche au 2e degré) sont recommandés aux personnes âgées, aux flegmatiques ainsi qu'aux mélancoliques, de nature froide. Par contre, le poisson frais (froid et humide au 3e degré), les prunes ou les poires (froides au 1e degré et humides au 2e degré) conviennent plutôt aux colériques ainsi qu'aux sanguins, ainsi qu'aux jeunes, de tempérament chaud. La médecine hippocratique se méfie des fruits et des légumes crus : il est recommandé de cuire les aliments.
Il n'existe plus aujourd'hui en Occident de tradition de médecine hippocratique. Mais il existe toujours actuellement en Inde des praticiens de médecine Yunâni qui se réclament de cet héritage.

Icône de détail Article détaillé : Yunâni.

La diététique hippocratique a dominé la médecine en Occident pendant plus de 2000 ans. Connaissance empirique, elle a été rejetée avec l'avènement de la chimie médicale avec la découverte des vitamines, des glucides ou des lipides, puis du cholestérol. Mais cette doctrine médicale savante, est ensuite tombée dans le domaine populaire. Elle survit dans certaines pratiques culinaires (manger du melon avec du jambon cru, en début de repas, des poires au vin en dessert, boire un digestif en fin de repas) ou dans certains conseils diététiques de nos grands-mères (ne pas boire en mangeant). On trouve aussi une survivance des croyances hippocratiques chez certains théoriciens de l'alimentation saine et végétarienne.

Application en climatologie

Le cadre de vie, le lieu géographique et le climat sont aussi soumis au jeu des qualités. Les quatre points cardinaux correspondent aux éléments ainsi qu'aux complexions ainsi qu'aux tempéraments. Ainsi, l'Est est chaud et humide, le Sud chaud et sec, le Nord froid et sec, et l'Ouest froid et humide.

Ces considérations sur les points cardinaux ont par conséquent suscité la construction d'une théorie explicative de la géographie et des climats. Le nord possède en effet un climat froid, et l'eau y gèle (le fait qu'elle soit solide lui ôte sa qualité humide et explique que le nord soit sec) ; les régions ouest sont principalement constituées des immensités océanes (donc humides), et les régions sud sont constituées en grande partie par le vaste désert africain du Sahara (donc sec). Quant à l'Est, c'est habituellement là qu'on situe le paradis terrestre, d'où prennent leur source quatre fleuves (le Nil, le Tigre, l'Euphrate et le Gange), et où règne une douce chaleur (humide à cause des fleuves). Notons au passage qu'il s'agit d'une vision du monde particulièrement centrée sur l'Europe, du fait de son origine grecque à laquelle s'est ajoutée au Moyen Âge le récit biblique du jardin d'éden.

Les préjugés issus de ces considérations archaïques ont eu des conséquences sur la vision de l'Occident sur les populations du monde, qu'on croyait soumises à un tempérament spécifique selon la situation géographique de leur habitat (toujours vue de l'Europe comme étant le centre du monde). Les peuples méridionaux ont par conséquent une prédisposition spécifique à la colère, les peuples septentrionaux à la mélancolie, les peuples orientaux sont plutôt sanguins et les occidentaux flegmatiques. À cela s'ajoutent des incidences du climat sur la condition physique : le froid fortifie et la chaleur ramollit ; les méridionaux sont par conséquent paresseux et les septentrionaux travailleurs... Il est à noter que les acquis de la biologie moderne sont en contradiction avec ces présupposés légèrement hâtifs : Le froid, en abaissant la température corporelle favorise l'endormissement, tandis que l'élévation de la température corporelle favorise l'éveil. Rien de tel qu'une boisson chaude ou un bain chaud pour s'éveiller le matin !

La structuration du temps

Calendrier de Pierre de Crescent.
Vers 1306 - Manuscrit du XVe siècle

La théorie des quatre éléments, s'applique aussi au domaine de la structuration du temps, étant donné que chacune des quatre saisons correspond à l'un des éléments classiques. Le printemps est chaud et humide comme l'air, l'été chaud et sec comme le feu, l'automne froid et sec comme la terre, l'hiver froid et humide comme l'eau.

Ainsi, l'hiver possède la même complexion (froid et humide) que le flegme (ou pituite), ce qui expliquerait les risques de rhumes survenant durant cette saison. Ces considérations interviennent surtout en diététique : il faut contrebalancer les qualités dominantes de la saison par des aliments aux qualités contraires pour maintenir l'équilibre des humeurs dans le corps ; il était par conséquent formellement déconseillé de manger, par exemple, un concombre cru (froid et humide) en hiver, ou d'abuser d'épices (chaudes et sèches) en été.

L'hiver, période où le flegmatique froid et humide domine, il est préférable de consommer des viandes en sauce, cuisinées avec des épices qui réchauffent (bœuf et porc, gibier) ; au printemps, période où le sanguin chaud et humide domine, il est conseillé de passer progressivement du bouilli au rôti (volailles, agneau, chevreau), et de commencer à manger davantage de légumes verts; l'été, période où le colérique chaud et sec domine, c'est le moment de manger des viandes (agneau et volailles) et poissons grillés ou cuits au verjus, plus légers, et de préférer des aliments froids et humides comme les melons, les prunes ou les cerises; l'automne, période où le mélancolique (ou atrabilaire) sec et froid domine, il faut manger des aliments appétissants et acidulés pour chasser la mélancolie : chapons, pigeonneaux, cochons de lait et diminuer le vin et les fruits.

En outre, les complexions se modifient au cours des différents Âges de la vie. La vie humaine se décompose en quatre âges de trois périodes chacun, soit un total de douze périodes (autant que de mois) ou encore en trois âges (si on regroupe l'enfance et l'adolescence sous le terme d'un seul âge : la jeunesse). L'enfant a la complexion du printemps (chaud et humide), l'adolescent celle de l'été (chaud et sec), l'homme mûr celle de l'automne (froid et sec), et le vieillard celle de l'hiver (froid et humide). La femme, quant à elle , serait plus froide et humide que l'homme.

Évidemment, tout est lié. On prendra garde, par exemple, à ce qu'on mange comparé à son tempérament, à la saison, à son âge, à l'élément associé à l'animal ou au végétal ingéré ; En poussant ces théories à l'extrême les alchimistes et médecins, du Moyen Âge établiront leurs prescriptions suivant les signes et conjonctions astrologiques ; etc. Les meilleurs exemples des connexions entre toutes ces disciplines, reliées entre elles par les qualités qu'elles ont en commun et les éléments qui les composent et les ordonnent, sont les schémas et les calendriers établis Moyen Âge.

Description holistique et ressemblance

L'homme zodiacal - Angleterre, c. 1425-1550

Pour les philosophes grecs, cette théorie décrit la "nature élémentaire" du monde généralement, dans toutes ses manifestations. Elle traite par conséquent de la "nature" de la matière, comme la physique ou la chimie moderne, mais conduit aussi à une classification de la "nature" des plantes et des animaux, et une classification de la "nature" des caractères, maladies et sentiments élémentaires de l'homme.

L'idée qui sous-tend l'utilisation analogique des quatre éléments est que ces différentes manifestations objectives (matière, plante, animal, maladie, ... ) sont structurées par une même réalité sous-jacente, commune aux différentes manifestations ; et que le déséquilibre qui apparaît dans un plan de manifestation peut être corrigé par ressemblance, à travers une action spécifique sur un autre plan. C'est cette même approche qui reste toujours utilisée aujourd'hui dans de nombreux domaines de l'occultisme.

Cette approche holistique a ensuite dominé la médecine, dont la clef d'analyse a pendant des siècles été d'analyser les déséquilibres élémentaires et de les corriger par des prescriptions fondées sur l'ressemblance des substances. Pour l'approche médicale :

Suivant les auteurs, cette correspondance peut se mêler de symbolisme astrologique plus ou moins prononcé, dont l'exemple type est "l'homme zodiacal", correspondance entre les signe et la "nature occulte" des membres.

Symbolique alchimique

La base de l'alchimie est la théorie élémentaire d'Aristote revisitée par les savants arabo-musulmans du Moyen Âge, qui explique, au moyen des quatre éléments et des quatre qualités, la composition de toute chose. L'objectif de l'alchimie est en effet de comprendre et de reproduire la composition des choses. Pour l'alchimie les quatre éléments ne représentent pas des composantes de la matière, en effet l'unicité de la matière est un des principes philosophiques de l'alchimie, mais plutôt des états de cette matière unique se rapprochant plus du concept physique d'état de la matière[1]. Ces éléments ont dans l'alchimie un symbole associé : le Feu , l'Eau , la Terre , l'Air .

Mais la théorie des quatre éléments montrant ses insuffisances, pour répondre de l'infinie diversité de la matière, l'alchimie a introduit un cinquième élément, l'éther, ou quintessence. La grande originalité de l'alchimie est cependant d'avoir adjoint aux éléments ainsi qu'aux qualités une nouvelle catégorie : les principes. Ceux-ci, qui sont un apport de l'alchimie arabe (surtout par Avicenne, Geber, Averroès), sont au nombre de deux : le Mercure (passif, froid, malléable, volatil), qui est un principe féminin, et le Soufre (actif, chaud, dur), qui est un principe masculin. Au XVe siècle, un troisième principe est ajouté, et ce définitivement à partir de Paracelse (1493-1541)  : le Sel (ce qui permet dans un corps d'unir le soufre et le mercure, et d'assurer la cohésion du résultat), qui est un principe de vie.

La physique moderne

La physique du XIXe siècle, puis du XXe siècle, confirmera l'hypothèse atomiste, tout en faisant découvrir au XXe siècle que des transmutations (fission nucléaire) existent bien dans la nature, ce qui était reconnu comme impossible au vu des connaissances jusqu'au XIXe siècle.

Bien que les théories physiques d'Empédocle, d'Aristote et des alchimistes aient été erronées, certains[2] se sont plu à souligner que ces quatre éléments peuvent être associés aux quatre états de la matière les plus courants : solide (terre), liquide (eau), gazeux (air) et plasmatique (feu, quoique le feu ne soit pas un plasma).

Cinq éléments asiatiques

Dans les cultures asiatiques, on considère généralement cinq éléments :

Tarot

Dans le Tarot divinatoire, les couleurs des lames basses sont directement associées aux quatre éléments : les coupes représentent l'eau, l'épée (dague) représente l'air, le bâton (baguette) représente le feu, et les deniers (pentacles) représentent la terre. Ces quatre éléments peuvent être reconnus sur l'atout du bateleur (la baguette est dans sa main, le reste est sur la table). Cette correspondance découle directement des instruments du magicien (dague, baguette, coupe et pentagramme) sensés maîtriser les éléments correspondants en magie cérémonielle.

Les correspondances modernes seraient terre = denier = carreau ; feu = bâton = trèfle ; eau = coupe = cœur ; air = épée = pique.

Les quatre éléments en Astrologie

L'astrologie utilise aussi, actuellement toujours, les quatre éléments. Chacun d'eux regroupe trois signes du zodiaque. La division du zodiaque par quatre divise les signes du zodiaque en quatre groupements de trois signes qui correspondent aux quatre éléments : le feu, la terre, l'air et l'eau. Les signes de Feu sont le Bélier, le Lion et le Sagittaire ; les signes d'Eau : le Cancer, le Scorpion et les Poissons ; les signes d'Air : les Gémeaux, la Balance et le Verseau ; les signes de Terre : le Taureau, la Vierge et le Capricorne. L'astrologie croit aussi à une influence des éléments sur le caractère des individus. A l'élément Feu correspond l'ardeur et l'enthousiasme ; à l'élément Eau, la sensibilité et l'émotivité ; à l'élément Air, l'intellectualité ; à l'élément Terre, la matérialité. Cette conception rejoint quelque peu la théorie hippocratique des humeurs.

Chacun de ces groupements se compose d'un signe cardinal, d'un signe fixe et d'un signe double. Les signes de feu comportent, par exemple, un signe cardinal (Bélier), un signe fixe (Lion) et un signe double (Sagittaire).

Feu : Bélier, Lion, Sagittaire

Le feu symbolise la chaleur, la vitalité, la fougue, la passion, l'enthousiasme. Il a le pouvoir de transformer la matière, que ce soit pour la détruire ou pour la purifier. Les signes de feu sont reliés à l'énergie.

Le feu du Bélier, signe cardinal, ressemble à un feu de paille, à l'étincelle jaillissant du silex ou à un feu d'artifice : il s'enflamme vite et s'éteint rapidement. Le feu du Lion, signe fixe, est comparable à un feu de foyer : stable, rassurant, chaleureux. Quant au feu du Sagittaire, signe mutable, il peut être feu follet, mais il représente aussi le feu de braise, le feu de l'idéalisme prêt à s'embraser pour une cause.

  • tempérament bilieux;
  • personne tournée vers l'avenir, chez qui la motivation et la croyance en quelque chose de supérieur occupent une place importante;
  • confiance en soi, foi, enthousiasme, spontanéité, courage, affirmation de soi;
  • goût de conquête et de nouveauté, besoin de liberté;
  • franchise, honnêteté, générosité, loyauté, parfaitisme, indépendance;
  • élan, dynamisme, combativité, grande énergie, besoin de bouger, d'être actif, de conquérir le monde;
  • personne démonstrative, déterminée, qui privilégie l'approche directe;
  • capable de commander, d'agir de façon autoritaire, de stimuler les autres.

Au négatif : impulsivité, témérité, exagération, tendance aux excès;

  • insouciance, gaspillage d'énergie;
  • manque de contrôle, de mesure, de prévoyance, tendance à surestimer ses capacités;
  • impatience, manque de diplomatie et de délicatesse;
  • la personne peut se montrer orgueilleuse, vaniteuse, arrogante, colérique, agressive.

Carence en feu :

  • manque de vigueur et d'entrain, de foi, de confiance et d'optimisme;
  • crainte de relever des défis, de s'affirmer.

Terre : Taureau, Vierge, Capricorne

La terre est l'élément de base de la nature, celui qui permet aux graines de germer et de produire la nourriture principale à la vie. La terre symbolise la matière, le monde des formes, le concret, le palpable.

Le Taureau représente la terre fertile, celle qu'on ensemence au printemps. La Vierge est une terre stérile, mais c'est le signe de la récolte, celui qui trie et ne conserve que ce qui pourra être utilisable. Le Capricorne est la terre qui hiberne, une terre d'attente qui continue à vivre en ses racines; c'est aussi la terre des montagnes, les rocs.

  • tempérament nerveux (anciennement nommé mélancolique) ;
  • personne concernée par le présent chez qui le sens pratique est un facteur dominant;
  • sens d'économie, besoin de concret, de sécurité, de se sentir protégé;
  • prudence, prévoyance, réflexion, raison, solidité, fermeté, fidélité, précision, minutie;
  • personne réalisatrice, productive, patiente, méthodique, disciplinée, efficace, digne de confiance;
  • avec les deux pieds bien sur terre, se fie aux réalités des choses;
  • les cinq sens physiques (goût, vue, ouïe, odorat, toucher) sont bien développés;
  • sceptique, tendance à se montrer St Thomas : il doit le voir pour le croire;
  • esprit conventionnel, besoin d'ordre et de certitudes, aime les choses bien établies;
  • aime fonctionner à l'intérieur d'un certain cadre ou routine;
  • résistance physique, agit sans hâte, mais concentration, persévérance et continuité dans l'effort;
  • bon sens, réalisme, intérêt pour les questions matérielles et financières;
  • aptitudes pour les projets concrets, pour les travaux qui fonctionnent selon des plans, pour la comptabilité et tout ce qui se rapporte à la terre.

au négatif : entêtement, rigidité, étroitesse d'esprit, intolérance;

  • possessivité, jalousie, méfiance, rancune, calcul, égoïsme;
  • difficulté à se sentir à l'aise dans le monde abstrait et théorique;
  • trop terre à terre, routinier, manque d'imagination, tendance à l'anxiété;
  • lenteur, manque de souplesse.

Carence en terre :

  • manque de contact avec la réalité et les exigences du monde matériel;
  • peut négliger son corps, ne pas s'alimenter suffisamment ou correctement, ne pas prendre assez de repos, etc. ;
  • désir de transcender les limites de l'univers physique.

Air : Gémeaux, Balance, Verseau

L'air est un élément qui est partout à la fois, toujours en mouvement, symbolise les échanges, la communication, la transmission d'idées, de pensées. C'est l'air qui transporte les ondes. Les Gémeaux se comparent aux courants d'air, la Balance à une douce brise et le Verseau aux grands vents qui apportent des changements importants.

  • tempérament sanguin;
  • personne chez qui le côté intellectuel occupe une place importante;
  • importance des théories et des concepts, besoin d'échanger avec les autres;
  • aime raisonner, analyser, étudier, apprendre, classifier;
  • activité mentale incessante, curiosité et rapidité d'esprit, dextérité;
  • objectif, perspicace, rationnel, capable de se détacher émotionnellement d'une situation pour mieux l'analyser;
  • inventif, ingénieux, souple, versatile;
  • facilités d'adaptation, ouverture d'esprit, courtoisie, affabilité;
  • esprit jeune, sens de l'humour;
  • très mobile : aime le changement, le mouvement;
  • aptitudes pour la communication, pour diffuser des idées, pour les travaux intellectuels, la pédagogie, les professions qui demandent de habituels changements ou déplacements.

au négatif : éparpillement, instabilité, inconstance, intérêts non durables;

  • manque de discipline, de concentration, superficialité, bavardage;
  • trop changeant ou distrait, perd de vue la réalité des choses, indiscret.

Carence en air :

  • manque de réflexion et d'objectivité;
  • tendance à s'organiser à la dernière minute;
  • difficulté à coopérer efficacement avec les autres, à s'adapter, à communiquer, à comprendre le point de vue des autres.

Eau : Cancer, Scorpion, Poissons

L'eau symbolise la fécondité, la gestation, c'est l'élément autorise la terre de produire. L'eau est un élément nourricier maternel. Elle possède aussi le pouvoir d'imbiber, de dissoudre, de mélanger, d'amollir certaines matières. Le Cancer représente l'eau des lacs, des rivières et des fleuves; le Scorpion est associé à l'eau des marécages ou à l'eau des puits, celle qui vient des profondeurs de la terre. L'eau des Poissons est l'eau de l'océan, insondable.

  • tempérament lymphatique;
  • personne tournée vers le passé (bonne mémoire) chez qui la nature émotive occupe une place importante;
  • nature rêveuse, romantique, imaginative, intuitive, créative;
  • capable de compassion, de dévouement, de serviabilité, de douceur, d'indulgence;
  • besoin de s'engager émotionnellement dans tout ce qu'il entreprend;
  • grande réceptivité aux sentiments des autres, nature protectrice;
  • attrait pour les questions occultes, ésotériques, le mystère;
  • forte sensibilité psychique autorise la personne de capter des choses que les autres ne perçoivent pas;
  • aptitudes pour les professions visant à aider les autres, pour un travail en rapport avec le public, les femmes, la famille, les émotions, la nourriture, les liquides.

au négatif :

  • trop impressionnable, influençable, vulnérable et malléable;
  • indolence, paresse, mollesse, instabilité émotive, timidité;
  • manque d'initiative, dépend trop des autres;
  • capricieux, fantaisiste, susceptible, superstitieux.

Carence en eau :

  • difficulté à comprendre ses sentiments et besoins émotionnels, mais aussi ceux des autres, manque d'empathie;
  • difficulté à exprimer ses émotions de façon correcte et non perturbatrice;
  • tendance à négliger ses besoins intérieurs au profit de considérations pratiques ou intellectuelles.

Notes et références

  1. L'ALchimie, Que sais-je?, Serge Hutin
  2. Préface par Jean-Pierre Pharabod de L'état de plasma : Le feu de l'univers, de Thierry Lehner.
  3. voir Cinq éléments (Chine) et Wu Xing

Liens externes

La première partie de l'article fait beaucoup référence au texte suivant[1]

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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 18/03/2009.
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