Michael Scot

Michæl Scotus était un philosophe scholastique médiéval, un médecin, un alchimiste et un astrologue. Dante Alighieri parle de lui comme d'un magicien.



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Michæl Scotus (ou Michæl Scot) (né vers 1175 en Écosse - mort après 1236) était un philosophe scholastique médiéval, un médecin, un alchimiste et un astrologue. Dante Alighieri parle de lui comme d'un magicien. Il s'est fait connaître en traduisant de l'arabe les commentaires d'Averroès sur les ouvrages d'Aristote (vers 1220).

Jeunesse et formation

Que Michæl Scot soit né en Écosse peut se déduire immédiatement du nom qu'il s'est donné lui-même. Mais les lieu et date précis de sa naissance restent actuellement indéterminés. Certaines sources récentes parlent des environs de 1175 - ce qui n'est guère vérifiable -, en tout cas vers la fin du XIIe siècle. Son cursus scolaire est aussi inconnu, mais sa formation doit avoir été diversifiée et , puisqu'on l'a nommé plus tard le plus souvent Michæl Scot magister (maître), on peut aussi conclure qu'il a enseigné en université. On sait, par contre, qu'il a grandi chez son oncle, qui l'envoya dans une université à l'étranger : jusqu'au XVe siècle, il n'en existait pas en Écosse. Lorsque a-t-il quitté les Îles britanniques ou l'Écosse, de nouveau c'est le mystère, mais on sait qu'il n'y est pas revenu, du moins pas de son vivant.

Avant qu'il aille à Tolède travailler comme traducteur et comme astrologue, il enseignait déjà la langue et la littérature latines. Il montra particulièrement tôt un vif intérêt pour les appellations, les noms, les définitions et les étymologies, en lisant le livre «Étymologies (Etymologiæ)» d'Isidore de Séville. Cette encyclopédie était la plus lue du prime-Moyen Âge et jouissait toujours d'une grande considération chez les contemporains de Scot. L'usage qu'il en fait laisse supposer qu'il avait bénéficié d'une formation poussée dans le cadre de la formation cléricale et latine élémentaire.

Son activité de traducteur à Tolède

Par sa proximité avec l'Islam, Tolède était l'une des villes culturelles principales. Des traducteurs connus y travaillaient, comme par exemple Jean de Séville, Hermann de Carinthie, Adélard de Bath, premier étudiant à venir de Grande-Bretagne, et Gérard de Crémone, le traducteur de l'Almageste de Ptolémée et de De cælo et mundo d'Aristote. La première date certaine dans la vie de Michæl Scot est le 18 août 1217 quand il acheva la traduction d'un ouvrage astronomique arabe, le Kitab fi l-hai'a d'Alpetragius qui vivait toujours à cette époque dans la péninsule espagnole.

Depuis combien de temps Michæl Scot vivait-il à Tolède avant 1217, on ne le sait pas. Mais on sait qu'il traduisit toujours, avant 1220, trois ouvrages d'Aristote dans leur édition arabe, Historia animalium, De partibus animalium et De generatione animalium, qui eurent ensuite une grande influence du fait qu'Albert le Grand les utilisa pour son De animalibus. Quoique Guillaume von Mœrbeke eût achevé le 23 décembre 1260 des traductions tirées directement du grec, on utilisait toujours celles de Michæl Scot au XVe siècle dans les universités.

Cependant, sa réputation comme traducteur repose avant tout sur ses traductions des commentaires par Averroès des rédigés d'Aristote comme De anima, De sensu et sensato, De cælo et mundo, Physica et Metaphysica. Quatorze traductions des commentaires d'Averroès nous sont parvenues dont certaines ont été certainement achevées à la cour de Frédéric II du Saint-Empire (1194-1250). Ces traductions de l'arabe supposaient non seulement de particulièrement bonnes connaissances linguistiques, mais toujours une maîtrise détaillée du contenu, puisque l'écriture arabe omet de retranscrire les voyelles, ce qui peut entraîner des fautes de compréhension importantes. Cette performance laisse supposer que Michæl Scot se servait dans son travail d'auxiliaires de traduction arabes. De sa particulièrement bonne connaissance des langues, et du fait qu'il ne traduisait pas directement du grec, nous avons aussi le témoignage du pape Grégoire IX (1227-1241) qui fit de grands éloges des connaissances de Michæl Scot en arabe, en hébreu et en latin, sans mentionner le grec.

Dernières années

Vers 1220, Michæl Scot quitte Tolède pour Bologne où il se replie sur une petite activité médicale. Il arrive à guérir une tumeur. Entre 1224 et 1227, Michæl Scot semble se trouver au service du pape Honorius III (?-1227) et de son successeur Grégoire IX. Le 31 mai 1224, il est appelé archevêque de Cashel en Irlande. Cependant, il doit renoncer à ce siège, car il manie mal l'irlandais. Le 9 mai 1227 on lui donne d'autres prébendes en Écosse et en Angleterre. Tout cela semble indiquer que Michæl Scot appartenait au clergé quoiqu'il ne fût d'aucun ordre religieux : c'est pourquoi Albert le Grand et Roger Bacon s'expriment à son sujet de façon négative. Après 1227, il n'apparaît plus dans les registres du pape et on peut supposer que c'est peu de temps après qu'il arriva à la cour de Frédéric II, empereur germanique de 1212 à 1250 ; ce fut certainement par l'entremise de Leonardo Fibonacci, qui appelait Michæl Scot «le meilleur philosophe».

Le rôle que Michæl Scot joua comme astrologue à la cour de Frédéric II n'est pas toujours entièrement connu. Il est certain qu'il travaillait comme traducteur à son service. À sa demande, il traduisit l'Abbrevatio d'animalibus d'Avicenne que Frédéric II devait utiliser ensuite pour son ouvrage de fauconnerie, De arte venandi cum avibus. En outre, il le conseillait dans les questions astrologo-philosophiques et rédigeait à la cour des traités médico-astrologiques. Frédéric II essaya aussi de profiter des conseils de son astrologue de cour à l'occasion d'une cure qu'il fit aux eaux de Puzzouli en octobre-novembre 1227. Une anecdote où Frédéric II met à l'épreuve son astrologue de cour et conseiller médical nous a été transmise par Salimbene de Parma : il lui demanda de calculer la distance entre le ciel dont il parlait toujours, et la pointe d'un clocher. L'astrologue fit le calcul et donna le résultat à l'empereur. Après quoi Frédéric fit en secret abaisser la tour de la largeur d'une main et demanda à Michæl Scot de calculer toujours une fois la distance, prétendant l'avoir oubliée. N'aboutissant pas au même résultat Michæl Scot en conclut que le ciel avait monté de la largeur d'une main ou que l'église avait baissé d'autant. L'empereur alors embrassa son astrologue pour avoir fait un calcul si exact. À supposer que cette petite histoire soit vraie, Michæl Scot doit avoir été un génie et/ou Frédéric II avait voulu le tester, dans la mesure où il était son conseiller intime.

Mort de Michæl Scot

Michæl Scot mourut vers 1235, tandis qu'il était certainement toujours au service de l'empereur. C'est du moins ce qu'indique un poème d'Henri d'Avranches qui séjournait alors à la cour de Frédéric II et qui a chanté son nouveau mariage. Sa mort est racontée de façon aussi anecdotique que le problème de la distance entre le ciel et un clocher et il existe peu de sources fiables à ce sujet. Francesco Pipino nous dit que Michæl Scot avait prévu qu'il serait tué par une petite pierre et s'était par conséquent fait une protection pour la tête, le Cerebrerium. Un jour, nous dit-il toujours, pendant que Michæl Scot assistait à la messe, il enleva cette coiffure comme il convenait, et précisément alors une petite pierre tomba de la voûte et le blessa un peu à la tête. Après qu'il eut reconnu la pierre, il régla toujours ses affaires et mourut peu après.


Liber introductorius

Le Liber Introductorius maior in astrologiam (Grand Livre d'introduction à l'astrologie) est partagé en trois sections différentes : 1) le Liber quatuor distinctionum (Livre des quatre distinctions), 2) le Liber particularis (Livre singulier), avec le De mirabilibus mundi (Des merveilles du monde), et 3) le Liber physiognomiæ (Livre de physiognomonie). La totalité est dédié à l'empereur germanique Frédéric II (1194-1250), et le Liber physiognomiæ a même été rédigé à son intention. La datation exacte de l'ouvrage se révèle complexe, mais dans l'introduction on parle de saint François, qui avait été canonisé le 16 juillet 1228. Cette introduction est , au moins, postérieure à cette date. La première partie de l'ouvrage, Liber quatuor distinctionum, nous est parvenue incomplète et était certainement inachevée à la mort de Michæl. Il manque à cette partie comme au Liber particularis une unité interne ainsi qu'un ordonnancement fixe. Aussi n'est-il pas étonnant que le Liber physiognomiæ soit regardé comme un ouvrage isolé et ait connu, jusqu'en 1500 à peu près, pas moins de 20 éditions. Les deux premières parties traitent d'astronomie, d'astrologie, de météorologie, de médecine, de musique et de computistique. On rencontre aussi un catalogue de questions de Frédéric II avec les réponses de Michæl Scot. Dans le Liber physiognomiæ, il traite de questions sur les rapports sexuels, la grossesse, l'embryologie et la physiognomie.

Ses conclusions laissent entrevoir des connaissances étendues, mais elles peuvent faire sourire le lecteur actuel. Ainsi rédigé-il que l'homme peut vivre pendant 140 ans, dans la mesure où il y a quatorze articulations aux doigts ainsi qu'aux doigts de pied et que chaque articulation apporte dix ans de vie. Mais à cause des péchés la durée de la vie n'est au maximum que de 120 ans. De façon particulièrement empirique, il constate légèrement plus loin que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Par la suite il conseille d'utiliser l'eau de source fraîche pour se laver et pour boire, parce que les pores se fermeraient en raison du froid de l'eau et que la chaleur naturelle serait préservée. Pendant les grandes chaleurs de l'été, il déconseille aux hommes d'avoir des rapports sexuels, qui seraient par contre sans répercussions pour les femmes. En outre, il interdit la saignée au temps chaud, à moins que ce fût totalement indispensable pour la maladie. Mais les différences entre gens des diverses régions l'intéressaient aussi. Il s'attachait en particulier aux différences d'aspect, de langue, de comportement, de vêtements ainsi qu'à la conduite pendant les temps de paix et de guerre, aux différences quant à la santé et la maladie entre Lombards, Slaves, Allemands, Grecs, Mongols, Sarrasins, Écossais, Juifs et Égyptiens.

Dans ses autres ouvrages Ars Alchemiæ et Vaticinium, Michæl Scot traite pour le premier de la transformation des métaux et pour le second des prophéties sur les villes italiennes. Par la suite, il écrivît des textes plus courts sur l'alchimie et la médecine.

L'alchimiste

Selon Robert Halleux, "le corpus [alchimique] de Michel Scot comprend trois traités principaux : l'Ars Alchemiæ, le Lumen luminum, la Quæstio curiosa de natura Solis et Lunæ. Dans ses rédigés authentiques, Scot met en garde contre les tromperies des alchimistes, mais c'est un trait commun aux adeptes d'incriminer leurs rivaux. D'autre part, il s'y montre particulièrement averti des doctrines et des pratiques alchimiques. L'Ars Alchemiæ a bien des chances d'être authentique. Quant au Lumen luminum, il est quelquefois attribué au Grec Dédale, et Michel Scot n'en serait que le traducteur. Enfin, la Quæstio curiosa semble postérieure" (Robert Halleux, Textes alchimiques, Turnhout, Brepols, 1979, p. 100-101).

Œuvres
  • Physiognomonica (Liber physiognomiæ) (partie du Liber introductorius), Venedig 1477, Louvain 1484, Basel 1485, Reutlingen 1486, Venedig um 1846, Lyon 1490, Leipzig 1495, Venedig 1503, 1505, Köln, Venedig 1508 etc.
  • De secretis naturæ (édité par Joannes Quadrat en 1580, avec le Grand Albert : Alberti Magni'De secretis mulierum libellum'... Michælis Scotis Philosophi'De secretis naturæ opusculum')  : Physiognomonia + De hominis procreationis (propos d'embryologie et gynécologie, comme ceux du pseudo-Albert le Grand, Des secrets des femmes. De secretis mulierum, recueillis peut-être auprès d'Albert le Grand vers 1245).
  • Expositio super auctorem spheræ, Bologna 1495, 1518 : commentaire sur le Sphæra de Sacrobosco ;
  • traités alchimiques : S. H. Thomson (ed. ), "The Texts of M. Scot's Ars alchemiæ", in Osiris, 5, 1938, p. 523-559.
  • Liber introductorius maior in astrologiam (vers 1230)  : G. M. Edwards (ed. ), The'Liber introductorius'of M. Scot (Diss. Univ. of Southern California), 1979.
  • Voir : J. Ferguson, "Bibliographical Notes on the Works of M. Scot", in Records of the Glasgow Bibliographical Society, 9, 1931, 72-100.

Études

  • Burnett, Charles, Master Theodore, Frederick II. 's Philosopher, in : Federico II., e le nuove culture (centro di studi sulla spiritualitá medievale), atti del XXXI. Convegno storico inter-nazionale, Spoleto 1995, 225-285.
  • Martin Grabmann|Grabmann, Martin, Kaiser Friedrich II. und sein Verhältnis zur aristotelischen und arabischen Philosophie, in : Stupor Mundi, Zur Geschichte Friedrichs II. von Hohenstaufen, hrsg. von Gunther Wolf, Darmstadt 1966, 134-177.
  • Haskins, Charles Homer, Studies in Mediæval Culture, Oxford 1929.
  • Haskins, Charles Homer, (1921). Michæl Scot and Frederick II, Isis : Mondial Review devoted to the History of Science and its Cultural Influences, 4 (2)  : 250-275. (ISSN 0021-1753)
  • Ders., Studies in the History of Mediæval Science, New York 1960.
  • Heinisch, Klaus (Hrsg. ), Kaiser Friedrich II. in Briefen und Berichten seiner Zeit, Darmstadt 1968.
  • Hoffmann, Rudolf, Übersetzungsbedingte Verständnisprobleme im Großen Metaphysik-Kommentar des Averrœs, in : Miscellanæ Mediævalia, 18, Aristotelisches Erbe im arabisch-lateinischen Mittelalter, édité par Albert Zimmermann, Berlin 1986, 141-160.
  • Thorndike, Lynn, Michæl Scot, London 1965.

Références

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d'une traduction de l'article de Wikipédia en allemand intitulé «Michæl Scotus».


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